Fin

Oh. Mon. Dieu.

Je crois que j’ai fini (Nilgir 4, de son petit nom, La Forteresse de Gemme de son titre complet).

Ça ne se termine pas du tout sur une scène prévue, je ne suis pas sûre d’avoir fermé toutes les portes, pourtant je crois que je tiens ma fin. Une fin ouverte, parce qu’au fond, je ne sais pas faire autrement.

Mais une fin*.

silhouette of buildings with purple and pink fireworks display

*On parle de premier jet, hein, maintenant faut corriger, parce que je n’ai jamais produit un bazar pareil. Je crois que je vais devoir commencer par construire des étagères pour ranger tout ça.

 

Crédit photo : ben o’bro sur Unsplash

Queen, ou la liberté créatrice

Pour changer un peu (la première fois sur ce blog, je crois), parlons cinéma.

Hier, j’ai été voir Bohemian Rhapsody.

Bohemian Rhapsody : Affiche

Je ne suis pas une fan inconditionnelle de Queen, mais j’adore certains de leurs tubes (avec mon cher et tendre, on avait d’ailleurs choisi Don’t stop me now pour faire notre entrée dans la salle de notre mariage).

Pour une de mes rares sorties ciné, j’aurais bien été voir un autre film, mais c’est sur celui-là que s’est arrêté le choix de notre groupe.

Après deux heures passées avec les ongles littéralement enfoncés dans les accoudoirs de mon fauteuil, je peux vous dire que je ne regrette pas ce choix.

Je viens de faire un petit tour des articles en ligne sur ce film, qui vous expliquent comme d’habitude à quel point c’est mauvais, ou génial, comment ça s’écarte honteusement de la réalité historique, ou comment le respect des personnalités qui composent le groupe a été assuré par certaines scènes.

Pour ma part, je ne connaissais pas à fond leur histoire, je ne peux pas dire ce qui a été conservé. Ce que je sais, c’est que ce film m’a remuée, en tant qu’artiste.

D’abord, il faut dire ce qui est,  la musique de Queen se prête extrêmement bien à ce type de film, mélange de passages narratifs et de scènes plus musicales (concerts, enregistrements…). On vibre littéralement en assistant aux premiers pas irrévérencieux de ces quatre gars, qui semblent n’avoir rien en commun. La musique se lie aux images, les costumes splendidement loufoques de Freddie Mercury servent de révélateur à la folle originalité de ces chansons, des concepts musicaux qui les accompagnent.

Un biopic sur une star, c’est toujours un peu la même histoire : le personnage est incroyablement doué, personne ne veut qu’il s’épanouisse dans son art, mais à force de persévérance il y arrive. Succès vertigineux. Éloignement de ses amis et de sa famille, ruptures douloureuses, spirale de la drogue. Prise de conscience, revirement qui arrive parfois trop tard pour la longévité du héros, mais toujours à temps pour obtenir pardon, rédemption. Et fin du film sur une apothéose, où le héros a réussi la synthèse entre sa vie artistique et sa vie personnelle. Il sera épaulé et pourra créer sereinement.

C’est un peu pour ça que je n’étais pas vraiment impatiente de voir ce film. Sauf que.

D’une part, les acteurs sont excellents. Et Rami Malek (qui incarne Freddie Mercury) mérite l’oscar. Pour les dix prochaines années au moins.

Bien sûr, le scénario n’est pas original, comme je le disais juste avant. Parfois, il avait la lourdeur convenue d’un bon biopic des familles avec ses passages obligés. Et pourtant, cette personnalité étincelante de Freddie Mercury, servie par ces chansons qui font vibrer jusqu’à la moelle, m’ont touchée bien plus que je ne l’aurais cru.

Freddie, c’est donc un artiste, comme il y en a beaucoup dans notre histoire. Sauf qu’il refuse les barrières. À la poubelle le conformisme, les règles, les entraves quelles qu’elles soient. Une personnalité magnétique, qui semble capter la lumière, transformer celle-ci en énergie et la communiquer à ses spectateurs. J’ai un peu ressenti ça à un concert de Muse, j’imagine que Freddie Mercury était du même tonneau, sans doute quelques crans au-dessus (quelques crans ou plusieurs millions ?).

Je suis donc ressortie du cinéma avec des étoiles dans les yeux, dans la tête, dans le souffle. Une envie dévorante de laisser libre cours au flux. Me laisser habiter par son art. Créer. Créer. Créer.

Oui, vraiment, c’est un film libérateur, qui m’a rappelé à quel point il était important pour moi de placer ce verbe au centre. Il ne s’agit pas de lui donner la seule et unique priorité. Mais de le laisser s’épanouir. Prendre toute son ampleur.

Don’t stop me now.

 

Voies obscures, intrigue à finir

Avis de fin de travaux. La fin de l’écriture du premier jet est proche.
Proche comment ?
Je devine le panneau d’arrivée. Mais c’est un mirage qui m’en a rapprochée. Je crois qu’il s’éloigne. Non, il est tout près. Je ne sais plus.
Nom d’une cybèle, je voudrais bien savoir où je vais, mais tout est encore en construction. Les fils se mélangent, s’emmêlent, les héros vont ou viennent, c’est un véritable chaos.
Et Miranda, cette satanée magicienne, me fait des pieds de nez.
Mais c’est bientôt fini ma grande, tu vas comprendre ta douleur. Ou pas. Qui sait ?

Empathie, identification, les ingrédients de la relation personnage-lecteur·trice

Homme, femme. Jeune, vieux. Combatif, terrifié. Amoureux, plein de rancœur. Dans un roman (ou une nouvelle), les personnages font vivre l’histoire. Si l’alchimie entre eux et la lectrice prend, elle vit au rythme des aventures de ces protagonistes.

 

Mais comment naît cette alchimie ? Qu’est-ce qui fait qu’on va s’attacher aux pas de l’héroïne ? Compatir de ses misères ? S’enthousiasmer de ses victoires ?

CE PERSONNAGE, C’EST MOI TOUT CRACHÉ !

L’identification est le mécanisme le plus évident. On s’intéresse à ceux qui nous ressemblent.

Qui nous ressemblent… physiquement ? Dans ce cas, les aventures d’un garçon à lunettes, cicatrice et cheveux en bataille (au hasard) ne m’intéresseront guère. Viser l’identification du personnage au lecteur, c’est prendre un risque pour l’auteur. Tous ceux qui auront le livre entre les mains ne peuvent pas partager forcément les caractéristiques du héros. Ne serait-ce que par la grande diversité de notre société. Garçon, fille, ou autre. Blond, brune, bleu. Vieux, jeune (et encore, là, c’est dans la tête). Grand ou petit, gros ou mince. Nous sommes tous différents et souvent, ce n’est pas notre physique qui nous rapproche les uns des autres.

Quand je lis, comme ça m’arrive en ce moment, l’histoire d’une jeune mère, je suis forcément touchée (surtout qu’on lui enlève le bébé à la naissance, dans une scène quasiment insoutenable… merci Sophie Moulay de m’arracher le cœur au passage). Ce personnage est une jeune fille de la noblesse médiévale, blonde aux yeux bleus, la tête farcie d’histoires sur l’amour courtois, avec néanmoins un intérêt naissant pour les intrigues de cour et la politique. Je ne suis pas (du tout) dans cette situation, j’ai un physique opposé. Mais la naissance de mon Petit Chat est encore fraîche dans ma mémoire, et je me révulse intérieurement à l’idée qu’on aurait pu me l’enlever à ce moment-là.

Plus qu’à leur physique, à leur situation dans la vie, on s’identifie aux personnages par les situations qu’ils vivent, leur quotidien. Pas forcément la grande quête qui va les mener d’embûche en embuscade, mais plutôt par les pique-niques partagés avec leurs compagnons de route, les cauchemars et les coups de soleil sur la nuque (ça se voit que je fais référence au Seigneur des anneaux ?).

L’identification est donc un des moyens d’attacher la lectrice au personnage. Mais ce moyen présente des limites. Il faut lui parler de ce qu’elle connaît, de situations qu’elle peut avoir vécu, ce qui pose deux problèmes :

  • nous n’expérimentons pas tous les mêmes choses (l’exemple de la maternité marchera sur une femme qui est mère, ce qui est loin d’être le cas de tous les lecteurs potentiels d’un livre)
  • on se cantonne forcément à des scènes du quotidien, parce qu’il y a peu de chances que les lecteurs soient des chevaliers chevronnés ou des astronautes en partance pour Mars

Heureusement, il existe un autre mécanisme, bien plus puissant que l’identification, pour attacher un lecteur à une héroïne.

TU GALÈRES, DONC JE TE SUIS

L’empathie. C’est la clé pour attacher la lectrice à ce héros qui ne lui ressemble aucunement. Et comment on la déclenche ? En mettant le héros en difficulté, bien sûr ! Pas forcément en le faisant souffrir, attention.

Pour reprendre un exemple tout à fait au hasard, de garçon brun à lunettes, cicatrice et cheveux en bataille, il peut lui arriver au cours de ses aventures de souffrir. Beaucoup. Des bobos au corps, des bobos à l’âme. Bras cassé, cœur brisé, décès d’un proche. Tout ça nous le rend attendrissant, bien entendu. Mais ce qui nous accrochera pour de bon à ses aventures, c’est de le voir lutter… contre ce destin qui s’obstine à lui envoyer des marrons à la figure, contre cet ennemi. Et encore mieux, contre lui-même.

La notion du conflit est à mon avis cruciale pour générer l’empathie. Si le héros ne rencontre pas de difficultés, s’il est toujours en accord avec les autres ou avec ses propres valeurs, c’est un peu facile, non ? On le regardera triompher des difficultés avec un rien d’ennui. On ne s’attachera pas. On ne voudra pas vraiment qu’il gagne à la fin.

Et c’est comme ça qu’on – lectrice, lecteur – parvient à la fin du roman sans même s’en être rendu compte. Parce qu’on veut savoir s’il s’en sort, ce brun à lunette. On veut savoir si cette mère déchirée retrouvera son enfant. Au fond, c’est une envie bien humaine. Vérifier qu’à la fin de l’histoire, tout s’arrange (ou pas).

 

Crédit photo : Annie Spratt sur Unsplash

 

La date limite

Écrire sans date limite peut conduire à la procrastination… Tant qu’on n’a pas un éditeur qui attend de pied ferme le manuscrit, ou qu’on ne s’est pas engagé d’une manière ou d’une autre, on peut repousser le mot « fin » indéfiniment. Heureusement, des solutions existent pour se motiver. Par exemple, le NaNoWriMo et les 24 heures de la nouvelle.

NANOWRIMO, QUOI QU’EST-CE ?

Cet événement à l’origine créé aux États-Unis, se passe au mois de novembre, son nom complet est : National Novel Writing Month (qu’on peut traduire par « mois national de l’écriture de roman »). Toute personne souhaitant écrire peut se lancer dans ce défi qui, à la base, consiste à écrire 50 000 mots pendant les trente jours de novembre.

Ce rassemblement a pris de l’ampleur, s’exportant un peu partout dans le monde. Désormais, chaque mois de novembre est l’occasion pour ceux qui écrivent de travailler de concert, d’échanger sur des forums autour de leurs avancées, de s’encourager mutuellement à coups de word wars (en gros, une course au nombre de mots écrits en un temps réduit).

Bien sûr, ça ne dispense pas ces auteurs d’écrire le reste de l’année. Disons qu’ils aiment ce mois de novembre à cause de l’atmosphère, du défi, de l’envie d’écrire vite. Tout en admettant que le roman ainsi terminé ne sera pas forcément « bien » écrit, car rédigé dans l’urgence. D’un autre côté, le premier jet aura au moins été terminé, ce qui représente déjà une grande avancée.

Bon ok, mais tout ça, c’est en novembre, pourquoi j’en parle maintenant ? Parce que le mois de novembre ne suffisait pas aux scribouillards ! Le concept s’est étendu et on parle désormais de « Camp NaNo » pour les mois d’avril et de juillet. Oui, oui, avril comme maintenant. Actuellement, de par le monde, des gens s’escriment à pondre leurs 1 667 mots par jour, vérifient leur compteur de mots à chaque séance, se lancent à cœur perdu dans l’écriture.

Certains sont des « NaNo-rebelles », ils écrivent mais pas un premier jet, ou pas un roman, ou plusieurs, ou la moitié. L’important, comme dit la sagesse populaire, c’est de participer.

Ou pas ! J’ai tenté l’expérience deux fois, mais je n’ai jamais réussi à tenir. Tout simplement parce que mon énergie d’écriture n’est pas très flexible, elle s’installe quand elle en a envie et a horreur des périodes imposées. Le bon moment d’écrire est plus important pour moi que le challenge du « un roman en un mois ». Mais pour savoir si le NaNo peut vous convenir, il faut tester, et voir ce que ça donne.

 

24 HEURES, UNE NOUVELLE

Et pour ceux qui n’ont pas un mois pour écrire ? Et pour ceux qui écrivent des nouvelles, pas des romans ?

Justement !

Ce week-end, pour la sixième année consécutive, le défi des 24 heures de la nouvelle revient. Qu’est-ce que c’est que cette autre trouvaille ?

Là encore, des auteurs se lancent un défi : écrire, suivant une contrainte tirée au sort, une nouvelle en 24 heures. Cette année, les 24 heures courent de samedi 7 avril 14 heures à dimanche 8 13h59. Il est encore temps de s’inscrire !

C’est, comme pour le NaNo, l’occasion de se lancer un défi, un peu plus simple, et tout aussi productif. J’ai participé avec grand plaisir à plusieurs éditions, mais depuis l’année dernière, je n’ai pas pu retenter. Cette année, les 24 heures tombent pour moi en plein milieu d’un marathon « salons-famille », donc je n’imagine même pas le tenter… Mais si le concept vous intéresse, pourquoi ne pas vous lancer ?

Bien sûr, on n’est pas obligé de s’inscrire à un NaNo ou aux 24 heures pour terminer un texte, mais je crois que l’aventure mérite de se tenter au moins une fois, ne serait-ce que pour voir si le fonctionnement de ces défis nous parle.

 

Il me semble que la meilleure façon de progresser en écriture, c’est de tester, ne jamais s’enfermer dans une méthode de travail unique. Se lancer dans le NaNo ou les 24 heures, c’est avant tout apprendre à mieux connaître sa propre façon d’écrire. Et qui sait, le texte qui en sortira pourrait bien vous surprendre !

 

Crédit photo : Eduardo Olszewski sur Unsplash