65 744 mots

Je n’ai pas quitté la galaxie ces dernières semaines, malgré mon silence sur le blog. Je voulais juste me concentrer sur mon sprint final…

Ce matin, j’ai mis un point final à mes corrections (avant retour éditorial) sur le dernier tome des Puissances de Nilgir.

Petite capture d’écran pour immortaliser cet instant :

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À titre de comparaison, le troisième tome faisait environ 62 000 mots, donc on est sur le même ordre de grandeur.

Je vais maintenant m’offrir deux bonnes semaines de vacances, loin des écrans ! Je vous souhaite de très belles fêtes de fin d’année.

Occurrences

Je suis en train de rebalayer mon tome 4. À cette occasion, je relis bien sûr l’histoire (le fond), mais je m’assure aussi que la forme colle.

Par exemple, je vérifie que le nom de mes navires apparaît bien en italique à chaque occurrence (ou au contraire, dans les passages en italique, par exemple la retranscription d’une pensée d’un personnage, en caractères droits).

black sailing boat digital wallpaper

C’est l’occasion de dresser des statistiques un peu inutiles, mais rigolotes. Sachez que, à l’heure actuelle (donc le texte peut encore évoluer à la marge et ces chiffres avec), les navires qu’utilisent mes héros apparaissent :

  • Le Vogue-Espérance : 4 fois (vous noterez que ce navire-là a coulé dès le premier tiers du premier tome, mais de toute évidence, il garde une place dans les pensées de Line, Maël, Léonie et Owen)
  • Le Brieuc : 2 fois (pauvre petit cotre qui les a menés d’un côté de l’océan à l’autre, et semble voué à finir sa carrière au fond de l’eau, lui aussi… à moins que…)
  • Le Homard chantant : 13 fois pour ce nouveau-venu, apparu à la fin du tome 3 pour cueillir Maël et Owen
  • L’Anguille de mer : 23 fois, une surprise pour moi, puisque je n’avais pas vraiment prévu, en le créant dans le premier tome, qu’il reviendrait à la fin du tome 3 et serait le théâtre de l’action pour une bonne partie de mon dernier tome
  • L’Ambulant : 33 fois – record battu pour celui-là. Je ne vais pas trop en dire pour ne pas gâcher la surprise, mais il n’était pas spécialement prévu non plus, il ne ressemble à aucun des précédents, Maël ne l’aime pas du tout au début… quant à moi, je crois que c’est mon préféré avec le Vogue-Espérance !

Sur ces quelques statistiques destinées, je l’avoue, à vous faire mariner (ah ah ah), je retourne à mes corrections.

Crédit image : Johannes Plenio sur Unsplash

Trois œuvres qui ont inspiré Les Puissances de Nilgir

Alors que je replonge dans les Puissances de Nilgir et que je concocte les dernières aventures de Line et compagnie, je voulais vous parler de trois œuvres (un roman, un film et un album de musique) qui, par leur esthétique, leur ambiance, ont semé les graines de cet univers dans mon esprit.

Le Plus délicieux des délices, Natalie Babitt

Couverture du livre : Le Plus délicieux des délices

Quatrième de couverture

Dans cet étrange royaume, le messager du roi a douze ans. Et sa mission est plus étrange encore. Il s’agit d’enquêter, auprès des sujets de sa majesté, pour connaître leur opinion sur une question de la plus haute importance : quel est, à leur avis, le suprême délice ? Le mets choisi doit figurer au mot « délice » dans le nouveau dictionnaire. L’affaire est grave.
L’enquête que mène Gaylen, le jeune garçon, l’entraîne dans un monde mystérieux, peuplé de créatures de légende…

J’ai découvert ce roman dans la bibliothèque près de ma maison d’enfance. Je devais être en primaire ou au début du collège. Je suis à peu près sûre que c’est le premier roman de fantasy que j’aie jamais lu, et je l’ai dévoré. Cet univers avec ses créatures fantastiques m’a marquée, et les nains de ma propre saga lui doivent beaucoup.

L’autre jour, prise de nostalgie, j’ai déniché une version d’occasion sur le Net, que j’ai dévorée. Le plaisir est intact, même si j’ai quelques années de plus…

Princess bride, Rob Reiner

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Résumé

Cloué au lit par la grippe, un petit garçon accepte à contrecoeur que son grand-père lui raconte une histoire de princesse… Il était une fois, au pays de Florin, la Princesse Bouton d’Or, qui réalisa un beau jour que Wesley, son palefrenier, était amoureux d’elle, et qu’elle éprouvait le même sentiment à son égard. Hélas, Wesley s’embarqua pour aller faire fortune. Au bout de cinq ans, sans nouvelle de son amour, Bouton d’Or accepta d’épouser le redoutable prince Humperdick…

Bonjour. Je m’appelle Inigo Montoya. Tu as tué mon père. Prépare-toi à mourir !

Ah là là, rien que de citer cette réplique-culte, j’en ai des frissons. Je sais, c’est un film au format conte de fées, avec une histoire d’amour un peu cucul (encore que…), mais tout ce qu’il y a autour m’emporte à chaque visionnage : les personnages bien campés, pas pour autant clichés, la géographie (les Falaises de la démence, quoi !), les rebondissements, la cape ignifuge…

(Tiens, je sais ce que je vais me regarder ce week-end !)

Aventine, Agnes Obel

Aventine

Cette fois, il ne s’agit pas d’une découverte faite avant l’écriture de la saga, mais plutôt d’un album qui a accompagné le premier jet (et les corrections) du troisième tome des Puissances de Nilgir.

J’aime écrire en musique. Souvent, j’ai une playlist dédiée au projet en cours. Pour La Cité d’argent, j’écoutais Aventine en boucle (tout particulièrement pour le passage dans le Manoir d’Aube et la Forêt de Millefeuilles). Le fait de connaître la musique par coeur me permet de me concentrer sur les mots, tout en me laissant porter par les notes.

Je n’ai pas encore trouvé « l’identité musicale » de la Forteresse de Gemme (mon tome 4, donc), mais j’y travaille…

Derrière Nilgir 2 – lieux, flore et faune réunionnais

La semaine dernière, je vous parlais de la façon dont j’ai intégré quelques pans de culture indienne dans l’univers de Nilgir. Aujourd’hui, je vous propose de découvrir la suite et fin de la série sur les sources d’inspiration qui ont alimenté l’univers de Nilgir, avec un focus sur l’île de la Réunion.

Une ode à l’île intense, ses paysages, sa flore et… sa faune

Pour ceux qui ont lu Les Sphères de Kumari et qui connaissent la Réunion, n’avez-vous pas eu une petite impression de déjà-vu en arrivant à la plaine de la Lune ? Ce toponyme est déjà en lui-même très transparent…

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Eh oui, ma plaine de la Lune est inspirée de la plaine des Sables, qui marque l’approche du piton de la Fournaise ! Morceau choisi :

Pour tromper son attente, Léonie se pencha vers les scories sur lesquelles elle marchait. La diversité de couleurs l’étonna. De loin, elle n’avait vu dans la plaine de la Lune qu’un vaste tapis de poussière, mais de près, c’était plutôt un nuancier délicat, oscillant entre l’anthracite et le gris clair, parfois brillant, parfois mat.

 

Moins évidente à trouver, la référence à la flore de l’île, toujours dans Les Sphères de Kumari :

Léonie continua à admirer les diverses essences d’arbres, faisant profiter ses amis de ses souvenirs. Celui-ci, avec son tronc gris sombre, se nommait bois de fer. Celui-là, avec ses fleurs en accordéon, arbre à chenilles. Il y avait aussi le bois de sable, aux branches claires, le bois de raisin dont les feuilles avaient un goût de fruit une fois infusées, le pin perroquet aux nœuds en forme de bec.

Toutes les essences citées ne sont pas endémiques à la Réunion (celles qui ne viennent pas de l’île sont les purs fruits de mon imagination). Lesquelles, d’après vous ?

 

J’ai écrit le premier jet de La Cité d’argent en 2014. La « crise requins » était alors au plus haut. Bien que ne vivant plus à la Réunion, je ne pouvais pas ne pas m’interroger sur ces attaques répétées, ce combat de l’homme contre l’océan. Je souffre avec ceux qui ont perdu des êtres chers au cours des dernières années, mais ma vilaine fibre écolo ne pouvait s’empêcher de penser qu’on n’avait entendu qu’une version des faits. Alors pourquoi ne pas essayer d’envisager le problème du point de vue du requin ?

Intégrer des squales dans mon roman m’a donné l’occasion de mener quelques recherches sur ces espèces méconnues. J’ai découvert une mine d’informations, dont j’ai parsemé le récit. Ainsi, la plupart des faits énoncés sur les requins sont vrais (sauf la télépathie… enfin pour ce que j’en sais !). Saviez-vous par exemple que les requins étaient de véritables nettoyeurs des mers ? Ils mangent les animaux malades. Leur position au sommet de la chaîne alimentaire leur permet de réguler celle-ci et d’éviter la prolifération d’espèces.

Au-delà des drames survenus avec d’autres usagers de la mer, surfeurs ou baigneurs, c’est réellement une espèce très menacée. En témoigne une pratique révoltante, que j’ai intégrée telle quelle dans La Cité d’argent :

Il connaissait le sort qui était réservé à ces poissons dans certaines parties du monde : pêchés, ils étaient amputés de leurs ailerons et remis à l’eau. Incapables de nager, ils coulaient au fond de la mer et mouraient d’inanition.

Je ne sais pas quelle est la solution pour apaiser les usages de la mer à la Réunion (même si mon petit doigt me dit que la chasse aux requins est une fausse solution). Mais je sais aujourd’hui que la question de la survie des squales mérite qu’on s’y attarde plus qu’en se focalisant sur les tragiques événements qui se sont déroulés à la Réunion ces dernières années.

 

Au-delà de la coloration d’un univers, les sources d’inspiration peuvent être un point d’entrée pour des problématiques difficiles à aborder. Il me semble que c’est aussi un rôle de la littérature (tout particulièrement jeunesse) de pousser le lecteur à réfléchir, sans pour autant lui proposer des solutions toutes faites.

Derrière Nilgir 1 – Hommage à l’Inde

J’aimerais partager avec vous quelques-unes des sources qui ont alimenté l’univers de Nilgir. J’avais prévu un article, mais je me suis montrée trop bavarde. Aussi, plutôt que de tailler dans le vif, j’ai préféré scinder l’histoire en deux et faire une petite série sur le sujet.

N’importe quel·le auteur·e vous le dira, elle·il puise dans son vécu pour nourrir ses œuvres. C’est souvent ce qui fait la spécificité d’un roman. La personnalité de son auteur·e l’imprègne, l’imbibe jusqu’à en faire un récit bien plus personnel qu’on ne le croirait au départ.

J’ai des racines indiennes et réunionnaises, aussi ces deux régions du monde sont-elles très présentes dans l’œuvre. Cette semaine, je vais vous parler des influences indiennes sur l’univers de Nilgir.

A woman showing off her apple watch and the amazing display on the watch screen

Géographie et magie

En réalité, c’est toute la saga qui est un hommage à cette culture dont je suis issue, mais dans laquelle je n’ai pas vraiment grandi.

L’Inde est déjà présente dans le seul titre de la saga. Nilgir… Ce n’est pas un nom inventé, mais un lieu bien réel. Les montagnes Nilgiris sont une chaîne de montagne dans le sud de l’Inde. Il y a maintenant quinze ans, je me trouvais au pied de ces montagnes. J’ai éprouvé en les longeant un sentiment extraordinaire. Une sensation de retour aux sources. Je ne me l’explique pas vraiment, mais la sensation m’est revenue en mémoire quand, beaucoup plus tard, je me suis attelée à la réécriture de ma saga.

Les Nilgiris font deux apparitions dans l’univers de Line et ses amis. En plus du « principal » royaume de ce monde, elles ont donné leur surnom à certaines montagnes que mes jeunes héros traversent au cours de leur périlleux voyage du premier tome. Car voyez-vous, les Nilgiris sont parfois aussi appelées les « Montagnes bleues« .

Voici un petit extrait de la traversée de cette chaîne, dans L’œil de Tolmuk :

[L]es Montagnes Bleues étaient vraiment magnifiques. C’était une enfilade de crêtes rocheuses, de petits vallons sillonnés de torrents. Et partout, les couleurs semblaient exploser, gris foncé de la pierre, vert éclatant des cimes des arbres et même, l’espace d’un instant, le bleu intense d’un lac niché dans la montagne.

 

Les références à l’Inde ne s’arrêtent pas là. Voisin et allié de Nilgir, le Periyar est nommé directement d’après un parc national du Kerala, toujours dans le sud du sous-continent indien. Au détour d’une conversation dans L’œil de Tolmuk, ce pays étrange est mentionné pour la première fois (et pas la dernière !) :

Le Periyar, situé au nord de Nilgir, était surnommé le Pays des Dunes. Ses habitants étaient des nomades vivant par monts et par vaux. Ils avaient inventé toutes sortes d’équipements pour voyager par voie de terre.

 

Je n’ai pas besoin de préciser, j’imagine, que le troisième œil tatoué sur le front d’Owen, le fameux œil de Tolmuk, est une idée piochée dans le folklore hindou. Bien que j’en aie largement détourné le sens.

 

Autre élément de la mythologie hindoue, l’apsara, nymphe céleste, est transformée dans le monde de Nilgir en île dévastée par un cataclysme, bien longtemps avant le début de l’histoire… Le troisième tome, La Cité d’argent, permet une incursion dans ce lieu oublié de tous (sauf des poissons) :

Il oublia vite ce danger incertain alors qu’il progressait au-dessus de la ville engloutie. Murs, porches et arches étincelaient. De place en place, de petites silhouettes à queue et nageoires se faufilaient.
(…) Maël pouvait presque les voir, ces gens d’une autre époque, qui vaquaient à leurs occupations par un bel après-midi : les enfants qui jouaient sur les placettes ; les adultes qui travaillaient à leur art. Et puis, en quelques minutes, le silence affolant de la mer retirée au loin ; l’ombre qui grandissait, la vague qui obscurcissait soudain le ciel…

 

À la semaine prochaine pour la suite de l’histoire, avec la Réunion à l’honneur !

Crédit photo : Green Chameleon sur Unsplash